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03/07/2025
Parmi les maltraitances, les violences verbales pendant l'enfance ont un impact particulier sur les victimes. Ces psycho traumatismes développementaux génèrent des difficultés relationnelles et comportementales, une mésestime de soi ainsi qu'une gestion émotionnelle perturbée. Des études scientifiques montrent l'incidence sur les structures cérébrales, notamment le faisceau arqué, impliqué dans les compétences verbales.
Les psycho traumatismes revêtent plusieurs formes. Se distinguent deux formes principales : les traumatismes développementaux chroniques présents sur une longue durée pendant le développement de l’enfant et les traumatismes de choc, résultant d’un événement isolé. Ces deux formes peuvent aussi être concomitantes. Nous nous intéressons aux psycho traumatismes développementaux issus du lien entre parents et enfants et aux conditions dans lesquels un enfant a été élevé. Nous retrouvons dans les facteurs délétères, des maltraitances par excès, comme les violences physiques et sexuelles, les violences verbales et les violences psychologiques, et des maltraitances par défaut, comme la négligence émotionnelle, l’absence de soins, un manque de stimulation.
Ces traumatismes relationnels génèrent un stress chronique et la production de cortisol d’une manière prolongée, altérant impactant les structures cérébrales et le fonctionnement interpersonnel.
Intéressons-nous plus précisément aux violences verbales et aux conséquences dans le fonctionnement. L’enfant peut être témoin de violences verbales répétées ou subir lui-même des violences verbales. Dans ces deux cas de figures, il peut être soumis à des propos humiliants, dévalorisants et dénigrants, à des pressions psychologiques, à des tentatives de contrôle et de coercition, à des propos teintés d’ambivalence.
Ces violences verbales pendant l'enfance peuvent avoir des impacts profonds et durables sur le développement émotionnel, corporel, psychologique, intellectuel et social de l'enfant et plus tard de l’adulte. Nous observons alors:
- Une estime de soi diminuée : les paroles blessantes ou dévalorisantes peuvent entraîner un manque de confiance en soi et une faible estime de soi et une autodépréciation.
- Des troubles émotionnels : l'enfant peut développer de l'anxiété, de la dépression, ou d’autres troubles émotionnels. Il peut également avoir du mal à gérer ses émotions, ce qui peut se traduire par des réactions excessives ou un repli sur soi.
- Un déficit cognitif et des problèmes scolaires : le stress et le mal-être peuvent nuire à la concentration et aux performances scolaires. L'enfant peut également développer une peur de l'échec ou une aversion pour les environnements éducatifs.
- Des comportements agressifs ou repli sur soi : l'enfant peut rencontrer des difficultés relationnelles et réagir par de l'agressivité et des comportements anti-sociaux (Vissing, 1991) ou par un isolement social.
-Un impact sur le développement physique. Les violences verbales peuvent provoquer un stress prolongé, qui affecte le système immunitaire et peut ralentir la croissance et le développement physique. L'anxiété et la peur liées aux violences verbales peuvent entraîner des troubles du sommeil, essentiels pour la croissance et la récupération physique. Le stress émotionnel peut se manifester par des douleurs physiques, des maux de tête, des troubles digestifs ou d'autres symptômes somatiques. Le stress et le mal-être peuvent affecter la prise de poids, la taille et le développement moteur chez certains enfants. À long terme, les enfants victimes de violences verbales peuvent adopter des comportements nocifs pour leur santé (mauvaise alimentation, consommation de substances, etc.).
- Des impact à long terme : ces effets peuvent persister à l'âge adulte, influençant la santé mentale et globale, les relations personnelles et professionnelles. L’intériorisation de messages négatifs amène à un processus construisant une représentation négative de soi. Les critiques répétées deviennent des croyances vis-à-vis de soi-même limitantes, avec une perception de soi comme défectueuse ou indigne.
Si nous regardons plus précisément l’impact neurologiques des violences verbales, nous observons un effet sur les structures cérébrales.
La maltraitance infantile majore la formation de filet péri neuronaux (PNNs). Leur rôle est crucial pour le fonctionnement et la plasticité cérébrale. Les PNNs renforcent les synapses matures en "figeant" les connexions entre neurones, limitant ainsi la plasticité excessive. Cependant lors de traumatismes répétés, ils sont plus denses et ont tendance à figer les réseaux associés à la mémoire traumatique (Fiani G. et al., 2018).
Plusieurs zones du cerveau sont touchées lors de violences verbales. Celles-ci engendrent un affaiblissement des connexions entre les “zones impliquées dans la compréhension et la production de la parole perdure sous forme de difficulté verbale à l'âge adulte” (Delbrouck M., p.158, 2024), notamment le faisceau arqué (ou faisceau arqué longitudinal), ensemble de fibres nerveuses impliquées dans la communication entre différentes régions cérébrales, en particulier celles liées au langage, à la cognition sociale et à la régulation émotionnelle.
Les études en neurosciences et psychologie montrent que les violences verbales répétées (insulte, menaces, dévalorisations) peuvent :
Le faisceau arqué est un pont essentiel pour le langage. Les violences verbales peuvent le perturber tout en ayant des répercussions neurobiologiques et psychologiques profonde, avec des difficultés d'expression, de répétition, de compréhension, d'aphasie. Le lien entre les aires de production (Broca.) du langage et de compréhension du langage (Wernicke) sont perturbés.
Le repérage précoce des comportements et des symptômes associés à de la violence verbale est une première clé de la résilience. La neuroplasticité du cerveau est importante lors de périodes sensibles au cours du développement, notamment au moment de l'adolescence. L'accompagnement thérapeutique axé sur la construction d'une alliance thérapeutique bienveillante et sécurisante, le traitement du psycho traumatisme, et le recouvrement des capacités verbales permettra la modification des introjections négatives, le recouvrement d'une estime de soi équilibrée, une capacité à recevoir les critiques, en restant stable, une capacité à poser des limites claires.
Bibliographie
Delbrouck M., (2025). Communication, intersubjectivité et relation thérapeutique. Deboeck
Giulia Faini, Andrea Aguirre, Silvia Landi, Didi Lamers, Tommaso Pizzorusso, Gian Michele Ratto, Charlotte Deleuze, Alberto Bacci (2018) Perineuronal nets control visual input via thalamic recruitment of cortical PV interneurons eLife 7:e41520
Teicher MH, Samson JA, Sheu YS, Polcari A, McGreenery CE. Hurtful words: association of exposure to peer verbal abuse with elevated psychiatric symptom scores and corpus callosum abnormalities. Am J Psychiatry. 2010 Dec;167(12):1464-71
Vissing, YM, Straus, MA, Gelles, RJ, et Harrop, JW (1991). Agression verbale des parents et problèmes psychosociaux des enfants. Child Abuse & Neglect, 15 (3), 223–238.
Gaëlle Delahaie
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