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27/11/2023
La théorie polyvagale élaborée par Stephen Porges met la lumière sur le fonctionnement de notre système nerveux autonome au service de notre homéostasie. Elle donne des clés de nos comportements selon les conditions de l'environnement. Elle apporte également de connaissances intéressantes pour le traitement et la résolution des psychotraumatismes.
La Psychophysiologie étudie la relation Corps-Esprit. Le système nerveux, unité fonctionnelle composé du système nerveux central (SNC) et du système nerveux autonome (SNA) est à la base de processus physiologiques et psychologiques. Laissons de côté le système nerveux central et intéressons-nous au système nerveux autonome. En charge de l'homéostasie, il régule l'équilibre interne de manière non volontaire, nous permettant ainsi de nous ajuster à notre environnement.
Nous avons d'une part le système sympathique (SS) ou orthosympathique. Il permet de répondre de manière instinctuelle par la fuite ou le combat, lorsqu'un danger se présente à nous et, de nous adapter à la situation. La peur prédomine à ce moment là. D'autre part, le système parasympathique est composé de deux branches. La branche dorsale (SPD) est activée lorsque les défenses sont dépassées dans une situation de danger intense, présentant une menace vitale. Elle déclenche la réponse de figement, diminuant les fonctions vitales au minimum, dans un instinct de conservation. Il s'agit de "faire le mort". Le système parasympathique ventral (SPV) active, quant à lui, la détente, l'engagement social et la communication, lorsque les conditions de l'environnement deviennent stable et apportent de la sécurité. On observe alors une ouverture du corps avec des sourires, des vocalisations, et une relations aux autres accrues.
Dans le continuum des évènements de la vie, nous passons d'un système à un autre. Dans des conditions sans danger, le système sympathique a un tonus bas. Nous sommes en sécurité, détendus et engagés avec notre environnement, dans l'apaisement et la joie. Si la nouveauté se présente, le tonus du système parasympathique ventral diminue et le système sympathique s'active. Ce sont l'alerte et la peur qui prédominent. Dans un premier temps il y a une évaluation du danger pour déterminer le type de réponse fuite ou combat, puis une réponse motrice jusqu'au moment où le danger disparaît. Nous agissons pour réguler notre interaction avec l'environnement. Si le danger est très intense, il mobilise le système sympathique, qui ne peut sortir du danger. La branche dorsale du système parasympathique s'active alors et amène la réponse de figement. Le degré de dangerosité est évalué comme ingérable pour fuir ou attaquer et c'est l'effroi qui s'empare de nous. Les branches sympathique et parasympathique dorsale fonctionnent en même temps ce qui provoque le figement, appelé aussi dissociation avec une anesthésie physique et psychologique permettant de supporter momentanément l'insupportable. Nous ne pouvons agir face au danger.
Ce mécanisme utile est fonctionnel s'il est limité dans le temps. Une fois le danger passé, le frein parasympathique dorsal est levé et la réponse motrice de fuite ou de combat donne une réponse indifférenciée, c'est-à-dire non orientée vers un danger présent dans l'ici et maintenant. La personne semble attaquer dans le vide libérant ainsi l'énergie accumulée avant le figement. Parfois cette énergie accumulée ne peut de libérer et se retourne vers l'organisme donnant ainsi des manifestations somatiques.
L'étude de ces phénomènes a donné lieu à la "théorie polyvagale" élaborée par Stephen Porges. Elle ouvre la voie de la résolution des traumas. Ceux-ci se manifestent de différentes manières selon le type d'événement vécu, l'âge de la personne au moment de l'événement et la chronicité ou non.
Le tableau ci-dessous donne un aperçu:
Traumas précoces ou sévères Traumas +tardifs ou -sévères
Emprise du SPD Domination du SS
Figement Agitation vaine, explosive
Ralentissement cardiaque, syncope, … Anxiété, attaque de panique, irritabilité,
Pas d’autres possibilités du bébé impulsions difficilement contrôlables
Evitement du contact social
Dissociation
Somatisation
Pb digestifs, asthme, migraines, fatigue chronique,
Fibromyalgie
Lors des accompagnements thérapeutiques, les tableaux ne sont pas aussi nets. Des symptômes des deux types apparaissent en fonction de la sévérité du stress et de l'histoire de la personne. Si l'on prend comme exemple l'alimentation et l'influence du SNA, nous pouvons observer des symptômes liés à une augmentation de l'alimentation (hyperphagie, boulimie) sous influence du système sympathique et à contrario, un arrêt de l'alimentation (anorexie), lié au système parasympathique dorsal. Ce sont des pistes intéressantes à explorer.
Prendre en compte les ressources de la personne, quelles soient internes ou externes et ses capacités d'autorégulation permet d'avancer pas à pas. Mettre la focale sur l'importance des soutiens de l’environnement redonne de la sécurité. Développer une alliance thérapeutique de confiance réactive peu à peu le sentiment de sécurité en activant le système parasympathique ventral. Un travail thérapeutique d'orfèvre, par petites touches ouvre la restauration du lien, la confiance et l'ouverture aux autres
Bibliographie
Schittecatte, M. (2014). Chapitre 18. APPORT DE « LA THÉORIE POLYVAGALE DES ÉMOTIONS » DE S. W. PORGES À LA PSYCHOTHÉRAPIE DES ÉTATS DISSOCIATIFS. Dans : Michelle Vinot-Coubetergues éd., Les fondements des psychothérapies: De Socrate aux neurosciences (pp. 299-313). Paris: Dunod
Gaëlle Delahaie
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